Introduit au début des années 1960, le dipyridamole a d'abord été développé comme vasodilatateur coronarien et antiangineux, bien que son efficacité dans le traitement de l'angine de poitrine fût limitée. En 1961, la FDA l'a approuvé pour la prévention des événements thromboemboliques chez les patients porteurs de prothèses valvulaires cardiaques, généralement en association avec des anticoagulants. Son mécanisme d'action repose sur l'inhibition des phosphodiestérases (PDE) et le blocage de la recapture de l'adénosine par les plaquettes et les cellules endothéliales. Ceci augmente les taux d'AMPc et de GMPc, accroît la concentration d'adénosine extracellulaire et induit une vasodilatation et une inhibition de l'agrégation plaquettaire. En tant qu'antiagrégant plaquettaire et vasodilatateur, le dipyridamole contribue à prévenir la formation de caillots sanguins et réduit le risque d'accident vasculaire cérébral et d'autres complications thromboemboliques. Il est également utilisé lors des tests d'effort pharmacologiques pour faciliter le diagnostic des maladies coronariennes. En augmentant l'adénosine extracellulaire, le dipyridamole active les récepteurs A₂ plaquettaires, élève le taux d'AMPc et inhibe l'agrégation plaquettaire. Sa faible inhibition des phosphodiestérases (PDE) contribue à la relaxation des muscles lisses vasculaires et à la vasodilatation.

NOMS DE MARQUE

  • Le dipyridamole est commercialisé sous plusieurs noms commerciaux

  • Parmi les plus courants, citons Persantine® et Aggrenox® (associé à l'aspirine).

  • Aggrenox® est principalement utilisé pour la prévention des AVC.

  • Différentes marques proposent des formulations à libération immédiate ou prolongée.

  • Le choix de la marque dépend de l'utilisation clinique et de la tolérance du patient.

MÉCANISME D'ACTION

Le dipyridamole agit à la fois comme antiagrégant plaquettaire et comme vasodilatateur. Il inhibe les enzymes phosphodiestérases (PDE), ce qui augmente les taux intracellulaires d'AMPc et de GMPc. De plus, il bloque la recapture de l'adénosine par les plaquettes, les cellules endothéliales et les globules rouges, ce qui augmente les taux d'adénosine extracellulaire. Cette adénosine extracellulaire stimule les récepteurs A₂ plaquettaires, inhibant ainsi l'agrégation plaquettaire. Le médicament induit également une relaxation des muscles lisses vasculaires, provoquant une vasodilatation et améliorant le flux sanguin.

PHARMACOCINÉTIQUE :

Absorption

Le dipyridamole est bien absorbé par voie orale, atteignant un pic de concentration plasmatique en 1 à 2 heures. Sa biodisponibilité est de 37 à 66 % en raison de l'effet de premier passage hépatique. Les repas riches en graisses peuvent réduire l'absorption des formes à libération immédiate. Les formulations à libération prolongée assurent des concentrations plasmatiques plus stables dans le temps.

Distribution

  • Le dipyridamole se distribue largement dans l'organisme.

  • Il est fortement lié aux protéines plasmatiques (environ 99 %), principalement à l'albumine plasmatique.

  • Son volume de distribution est d'environ 0,5 L/kg.

Métabolisme

Le dipyridamole est principalement métabolisé par le foie, essentiellement par conjugaison. Seule une faible fraction du médicament reste inchangée dans la circulation sanguine. La fonction hépatique peut influencer la vitesse de métabolisation et les concentrations plasmatiques totales du médicament. Les métabolites résultants sont généralement inactifs et sont finalement éliminés par les reins.

Élimination

La majeure partie du dipyridamole et de ses métabolites est éliminée dans l'urine, l'élimination rénale représentant environ 90 % du médicament. L'excrétion fécale est minime. La demi-vie d'élimination orale est d'environ 10 à 12 heures, tandis que les formulations à libération prolongée peuvent avoir une demi-vie légèrement plus longue, permettant une administration moins fréquente.

PHARMACODYNAMIE

Le dipyridamole exerce ses effets en inhibant l'agrégation plaquettaire et en favorisant la vasodilatation. L'action antiplaquettaire s'effectue par une augmentation de l'AMPc et de l'adénosine extracellulaire, qui inhibent l'activation plaquettaire. Son effet vasodilatateur relâche les muscles lisses vasculaires, améliorant ainsi le débit sanguin coronaire et systémique. Ces actions combinées le rendent utile à la fois pour la prévention des événements thromboemboliques et pour les tests d'effort pharmacologiques chez les patients présentant une suspicion de maladie coronarienne. Les effets pharmacodynamiques maximaux sont généralement observés 1 à 2 heures après l'administration orale.

ADMINISTRATION

Le dipyridamole peut être administré par voie orale sous forme de comprimés ou de gélules à libération prolongée, et par voie intraveineuse pour les tests d'effort pharmacologiques. Les doses orales sont généralement réparties en 2 à 4 prises quotidiennes, selon la formulation et l'indication. La prise au moment des repas peut influencer l'absorption des formes à libération immédiate. Pour la prévention des AVC ou la prophylaxie thromboembolique, une posologie régulière est essentielle. L'administration intraveineuse est étroitement surveillée pendant les tests d'effort afin d'évaluer la fonction coronarienne en toute sécurité.

POSOLOGIE ET ​​CONCENTRATION

Les comprimés de dipyridamole à libération immédiate sont généralement administrés à une dose de 25 à 75 mg, trois à quatre fois par jour. Les formulations à libération prolongée sont souvent prescrites à la dose de 200 mg, deux à quatre fois par jour. Aggrenox®, association de 200 mg de dipyridamole et de 25 mg d'aspirine, est pris deux fois par jour pour la prévention des AVC. Les doses intraveineuses pour les tests d'effort pharmacologiques sont généralement de 0,57 mg/kg administrées en quatre minutes. La posologie est adaptée en fonction de l'indication clinique, de l'âge du patient et de sa tolérance.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

Le dipyridamole peut interagir avec d'autres médicaments, notamment ceux qui influencent le risque hémorragique. L'administration concomitante d'anticoagulants ou d'autres antiagrégants plaquettaires peut augmenter le risque de saignement. Les vasodilatateurs peuvent potentialiser les effets hypotenseurs, tandis que la caféine et la théophylline peuvent réduire l'efficacité du dipyridamole. L'utilisation concomitante d'adénosine et de dipyridamole peut potentialiser les effets cardiovasculaires. Une surveillance étroite est nécessaire chez les patients prenant plusieurs médicaments cardiaques ou antithrombotiques.

INTERACTIONS ALIMENTAIRES

Les repas riches en graisses peuvent réduire l'absorption des comprimés de dipyridamole à libération immédiate, ce qui peut diminuer son efficacité. La caféine doit être évitée pendant les tests d'effort pharmacologiques car elle peut antagoniser les effets vasodilatateurs du médicament. Hormis ces considérations, il n'y a pas de restrictions alimentaires strictes. Le maintien de repas réguliers contribue à la stabilité des concentrations plasmatiques du médicament. La connaissance des interactions alimentaires est particulièrement importante pour la précision des tests diagnostiques et la prévention des AVC.

CONTRE-INDICATIONS

Le dipyridamole ne doit pas être utilisé chez les patients présentant une hypersensibilité à ce médicament. Ce médicament est contre-indiqué en cas de maladie coronarienne sévère avec angine de poitrine instable et chez les patients ayant récemment subi un infarctus du myocarde lors de l'administration par voie intraveineuse. L'hypotension sévère constitue également une contre-indication en raison des effets vasodilatateurs. Une évaluation attentive est nécessaire afin d'éviter l'aggravation des complications cardiaques ou vasculaires. Le dépistage de ces affections chez les patients garantit une utilisation sûre et efficace.

EFFETS INDÉSIRABLES

  • Effets indésirables fréquents : céphalées, vertiges, bouffées vasomotrices, hypotension.

  • Effets gastro-intestinaux : nausées, diarrhée, gêne abdominale.

  • Effets moins fréquents : palpitations, douleurs thoraciques légères.

  • La plupart des effets indésirables sont bénins et disparaissent souvent avec un ajustement posologique ou l'arrêt du traitement.

  • La surveillance des effets indésirables est importante pour garantir la sécurité du patient et adapter le traitement.

SURDOSAGE

Un surdosage de dipyridamole peut provoquer une hypotension sévère, une tachycardie, des arythmies, des céphalées, des vertiges et des bouffées vasomotrices. La prise en charge est principalement symptomatique et comprend une hydratation intraveineuse et une surveillance cardiovasculaire. Il n'existe pas d'antidote spécifique en cas de surdosage de dipyridamole. Une prise en charge rapide est essentielle pour prévenir les complications graves. Les soins de support visent à stabiliser la pression artérielle et la fonction cardiaque.

TOXICITÉ

Le dipyridamole présente un profil de toxicité relativement faible aux doses habituelles. Un surdosage peut augmenter le risque d'hypotension et d'hémorragie. Les cas de toxicité sévère sont rares et les lésions organiques à long terme sont peu fréquentes. La prise en charge de la toxicité est symptomatique et repose sur le soutien et la surveillance cardiovasculaires. Globalement, ce médicament est considéré comme sûr lorsqu'il est utilisé conformément à ses indications.