La chlorthalidone, brevetée pour la première fois en 1957 et commercialisée en 1960 sous le nom d'Hygroton, est un diurétique thiazidique oral à longue durée d'action, approuvé par la FDA (Food and Drug Administration) aux États-Unis pour le traitement de l'hypertension. Largement disponible sous forme générique, elle est considérée comme un traitement de première intention de l'hypertension artérielle grâce à sa longue durée d'action et à ses bénéfices cardiovasculaires démontrés (tels que la réduction des risques d'AVC et d'insuffisance cardiaque). Agissant au niveau des reins, la chlorthalidone favorise l'élimination du sel et de l'eau en excès en inhibant le cotransporteur sodium-chlorure dans le tube contourné distal, ce qui permet de diminuer la pression artérielle et de réduire les œdèmes associés aux maladies cardiaques, rénales ou hépatiques. Elle peut être utilisée seule ou en association avec d'autres antihypertenseurs.
NOMS DE MARQUE
La chlorthalidone est disponible sous plusieurs noms commerciaux dans le monde. Les noms commerciaux les plus courants aux États-Unis et à l'international sont les suivants :
Hygroton — Il s'agit d'une marque déposée sous laquelle la chlorthalidone était commercialisée.
Thalitone — Autre nom commercial de la chlorthalidone.
Hemiclor — Nom commercial plus récent de la chlorthalidone (comprimé de 12,5 mg), approuvé par la FDA.
MÉCANISME D'ACTION
La chlorthalidone agit en inhibant le symporteur sodium-chlorure (Na⁺/Cl⁻) dans le tube contourné distal du rein, ce qui diminue la réabsorption du sodium et du chlorure et augmente ainsi l'élimination du sel et de l'eau par les urines. De plus, elle exerce un effet inhibiteur sur l'anhydrase carbonique dans le tube proximal, ce qui contribue à son action diurétique. La réduction du volume liquidien qui en résulte abaisse la pression artérielle chez les patients hypertendus et contribue à réduire les œdèmes associés à des affections telles que les maladies cardiaques, rénales ou hépatiques.
PHARMACOCINÉTIQUE
Absorption
L'absorption orale de la chlorthalidone est progressive, les concentrations plasmatiques maximales étant généralement atteintes entre 2 et 6 heures après l'administration.
Distribution
La chlorthalidone présente une forte liaison aux protéines plasmatiques (environ 75 %, dont environ 58 % liés à l'albumine) et son affinité pour l'anhydrase carbonique des globules rouges contribue à sa distribution étendue.
Métabolisme
La chlorthalidone subit un métabolisme hépatique partiel, bien que les voies métaboliques précises restent partiellement élucidées.
Élimination
La principale voie d'élimination est rénale : la majeure partie du médicament absorbé est éliminée sous forme inchangée par les reins. Sa demi-vie d'élimination est d'environ 40 à 60 heures, ce qui permet une durée d'action prolongée d'environ 48 à 72 heures.
PHARMACODYNAMIQUE
La pharmacodynamique de la chlorthalidone repose sur l'inhibition de la réabsorption du sodium et du chlorure au niveau rénal, principalement au niveau du tube contourné distal. Cette action entraîne une augmentation de l'excrétion urinaire d'eau et d'électrolytes, induisant un effet diurétique et antihypertenseur.
MODE D'EMPLOI
La chlorthalidone est disponible exclusivement sous forme de comprimés oraux et se prend généralement une fois par jour, bien que dans certains cas, un professionnel de santé puisse recommander une prise tous les deux jours. Il est conseillé de prendre le médicament le matin, idéalement au moment du petit-déjeuner, afin de limiter les mictions nocturnes et d'améliorer son absorption, tout en réduisant le risque de troubles digestifs.
POSOLOGIE ET DOSAGE
La chlorthalidone est disponible en comprimés oraux à différents dosages, notamment 12,5 mg, 15 mg, 25 mg et 50 mg. La dose prescrite dépend de l'affection traitée, comme l'hypertension artérielle ou la rétention d'eau (œdème).
Dosages disponibles :
Chlorthalidone générique : Disponible couramment en comprimés de 25 mg et 50 mg, avec parfois une option à 12,5 mg proposée sous certaines marques.
Chlorthalidone de marque (Thalitone) : Disponible en comprimés de 15 mg et 25 mg.
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
La chlorthalidone peut interagir avec plusieurs médicaments, notamment ceux qui agissent sur la pression artérielle et l'équilibre électrolytique. Une surveillance attentive est importante en cas d'association avec certains médicaments.
Lithium : La chlorthalidone peut réduire la capacité des reins à éliminer le lithium, entraînant une augmentation de sa concentration et du risque de toxicité. Une surveillance régulière ou le recours à une autre association médicamenteuse peut s'avérer nécessaire.
Digoxine : En diminuant la concentration de potassium, la chlorthalidone peut accroître la sensibilité du cœur à la digoxine, augmentant ainsi le risque de toxicité et de troubles du rythme cardiaque. Les concentrations d'électrolytes et de digoxine doivent être étroitement surveillées.
Autres médicaments : La chlorthalidone peut également interagir avec les corticostéroïdes, les antidiabétiques (y compris l'insuline) et les AINS, ce qui peut affecter leur efficacité ou augmenter leurs effets indésirables.
INTERACTIONS ALIMENTAIRES
Il est recommandé de prendre la chlorthalidone au cours d'un repas afin de prévenir les troubles digestifs. La consommation d'alcool doit être limitée en raison des interactions possibles. Il est conseillé aux patients d'éviter une consommation excessive de sel, de café et de jus de pamplemousse. Pour maintenir un taux de potassium sain, un médecin peut suggérer de consommer des aliments riches en potassium ou de prendre des suppléments.
CONTRE-INDICATIONS
La chlorthalidone est contre-indiquée chez les patients présentant une hypersensibilité connue à ce médicament ou à d'autres sulfamides. Elle ne doit pas être utilisée chez les personnes souffrant d'insuffisance rénale sévère ou d'anurie. Les patients ayant des antécédents de déséquilibres électrolytiques, notamment d'hypokaliémie ou d'hyponatrémie, doivent l'éviter. La chlorthalidone est également déconseillée pendant la grossesse, sauf en cas de nécessité absolue. La prudence est de mise chez les patients atteints d'une maladie hépatique sévère, car elle peut aggraver la fonction hépatique.
EFFETS INDÉSIRABLES
La chlorthalidone est un diurétique (« pilule d'eau ») utilisé pour traiter l'hypertension artérielle et la rétention d'eau (œdème). Ses effets indésirables peuvent être bénins et fréquents, ou plus graves et nécessiter une prise en charge médicale. Effets secondaires fréquents
Ces effets ne nécessitent généralement pas de soins médicaux immédiats, mais vous devez les signaler à votre équipe soignante s'ils persistent ou vous gênent :
Augmentation de la fréquence des mictions
Vertiges ou étourdissements, surtout en se levant rapidement (hypotension orthostatique)
Maux de tête
Maux d'estomac, nausées ou vomissements
Perte d'appétit, crampes d'estomac, constipation ou diarrhée
Faiblesse ou fatigue inhabituelle
Sensibilité accrue à la lumière du soleil (photosensibilité)
Diminution de la libido ou des performances sexuelles (impuissance)
SURDOSAGE
Symptômes : Un surdosage peut provoquer une déshydratation sévère, une hypotension, des vertiges, une faiblesse et des déséquilibres électrolytiques tels qu'une hypokaliémie ou une hyponatrémie.
Effets cardiaques : Une hypokaliémie due à un surdosage peut entraîner des troubles du rythme cardiaque ou des arythmies.
Effets gastro-intestinaux : Des nausées, des vomissements et des crampes abdominales peuvent survenir.
Prise en charge : Le traitement comprend généralement des soins de soutien, la surveillance des signes vitaux et la correction des déséquilibres hydro-électrolytiques.
Soins médicaux : Une prise en charge médicale immédiate est nécessaire ; l’administration de charbon activé peut être envisagée en cas d’ingestion récente, et une hospitalisation peut s’avérer nécessaire dans les cas graves.
TOXICITÉ
La toxicité de la chlorthalidone résulte principalement de troubles électrolytiques, d’une déshydratation importante due à une perte excessive de liquides et d’une hypotension marquée. Le risque de ces complications graves est accru en cas de surdosage ou d’utilisation prolongée de fortes doses.
