Le benzoate d'estradiol (BE) est un œstrogène de synthèse et l'un des premiers esters d'estradiol développés à usage médical. Introduit en 1933, il a constitué une avancée majeure en hormonothérapie grâce à sa stabilité accrue et à son action prolongée par rapport à l'estradiol naturel. En tant que promédicament, le BE est converti dans l'organisme en estradiol actif, contribuant ainsi à rétablir ou à compléter les taux d'œstrogènes. Sa structure d'ester benzoate augmente sa lipophilie, permettant une administration efficace sous forme d'injection intramusculaire huileuse. Cette propriété de libération prolongée le rend utile dans le traitement des symptômes de la ménopause, des déficits hormonaux et de certains troubles de la reproduction. De manière générale, le benzoate d'estradiol demeure une option pharmaceutique importante dans le cadre d'un traitement hormonal substitutif.

NOMS DE MARQUE

  • Progynon-B : Ancienne marque de benzoate d’estradiol utilisée pour l’hormonothérapie œstrogénique et le traitement des symptômes de la ménopause.

  • Agofollin : Benzoate d'estradiol injectable indiqué en cas de déficit hormonal et de troubles de la reproduction. 

  • Injection de benzoate d'œstradiol : Forme injectable générique pour une libération contrôlée d'œstrogènes.

  • Oestroform : Injection de benzoate d'œstradiol pour la ménopause et le retard pubertaire.

  • Delestrec : Préparation d'œstrogènes à action prolongée contenant du benzoate d'œstradiol, désormais moins courante.

MÉCANISME D'ACTION

L'œstradiol pénètre librement dans les cellules cibles, notamment celles des organes reproducteurs féminins, des seins, de l'hypothalamus et de l'hypophyse, où il se lie aux récepteurs d'œstrogènes. Une fois lié, le complexe récepteur-ligand migre vers le noyau cellulaire et module la transcription génique, induisant la production d'ARN messager. Cet ARNm dirige les ribosomes vers la synthèse de protéines spécifiques qui sont responsables des effets de l'œstradiol dans la cellule cible. De plus, les œstrogènes stimulent la production hépatique de protéines telles que la globuline de liaison aux hormones sexuelles (SHBG) et la globuline de liaison à la thyroïde (TBG), tout en inhibant la sécrétion de l'hormone folliculo-stimulante (FSH) par l'hypophyse antérieure.

PHARMACOCINÉTIQUE

  • Absorption : Le benzoate d'œstradiol est absorbé lentement après injection intramusculaire, assurant des concentrations plasmatiques soutenues.

  • Distribution : Il se lie aux protéines plasmatiques et se distribue dans les tissus sensibles aux œstrogènes, avec un stockage temporaire dans le tissu adipeux.

  • Métabolisme : Hydrolysé en œstradiol, il est métabolisé dans le foie en conjugués actifs et inactifs.

  • Excrétion : Les métabolites sont principalement excrétés dans l'urine, une plus faible quantité étant éliminée dans les selles. 

PHARMACODYNAMIE

Le benzoate d'estradiol agit comme une prodrogue de l'estradiol, se liant aux récepteurs des œstrogènes (ERα et ERβ) et les activant dans les tissus cibles tels que l'utérus, les seins et le cerveau. Par cette interaction avec les récepteurs, il régule l'expression des gènes et l'activité cellulaire, influençant le système reproducteur féminin tout en produisant de légers effets métaboliques et anabolisants et en améliorant la coagulation sanguine. Sur le plan thérapeutique, il est utilisé pour prévenir l'ovulation dans les contraceptifs oraux et pour supprimer la lactation.

ADMINISTRATION

Le benzoate d'estradiol est généralement administré par injection intramusculaire dans le muscle fessier ou deltoïde. Il est formulé sous forme de solution huileuse pour permettre une libération prolongée sur plusieurs jours. Il convient d'alterner les sites d'injection afin de minimiser l'irritation. Ce médicament est généralement administré en milieu hospitalier sous surveillance médicale. Une asepsie rigoureuse est essentielle pour prévenir les infections.

POSOLOGIE ET ​​CONCENTRATION

La posologie varie en fonction de l'indication, de l'âge et du taux d'hormones de la patiente. Les concentrations courantes varient de 1 mg/mL à 10 mg/mL en solution huileuse. Chez l'adulte, les doses pour la substitution hormonale ou la régulation menstruelle sont généralement de 1 à 5 mg tous les 2 à 3 jours ou selon la prescription. Les doses vétérinaires peuvent différer. Un ajustement posologique est souvent nécessaire pour obtenir un équilibre hormonal optimal.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

Le benzoate d'estradiol peut interagir avec les médicaments qui induisent ou inhibent les enzymes hépatiques (par exemple, le CYP3A4), modifiant ainsi son métabolisme. Les anticoagulants, les corticostéroïdes et les antiépileptiques peuvent avoir des effets diminués ou augmentés en cas d'administration concomitante. Les compléments alimentaires à base de plantes, comme le millepertuis, peuvent diminuer les taux d'œstrogènes. L'utilisation concomitante d'autres œstrogènes peut augmenter le risque d'effets indésirables. Une surveillance des taux hormonaux et un ajustement des doses peuvent être nécessaires.

INTERACTIONS ALIMENTAIRES

Aucune interaction alimentaire significative n'a été rapportée, car le benzoate d'estradiol est administré par voie intramusculaire. La biodisponibilité orale n'est pas un problème avec l'administration intramusculaire. Les repas riches en matières grasses n'affectent pas son absorption. Les patientes ne doivent pas suivre de régime alimentaire particulier pour ce médicament. La consommation d'alcool n'a pas d'incidence significative sur sa pharmacocinétique, mais peut aggraver les risques hépatiques.

CONTRE-INDICATIONS

Le benzoate d'estradiol est contre-indiqué chez les personnes présentant une hypersensibilité connue aux œstrogènes ou à son composant benzoate. Il ne doit pas être utilisé chez les patientes atteintes ou ayant été atteintes d'un cancer hormono-dépendant (actif ou ancien), de saignements vaginaux inexpliqués, d'une maladie hépatique ou de troubles thromboemboliques. La grossesse et l'allaitement constituent des contre-indications relatives, selon le contexte clinique. Une évaluation rigoureuse du risque cardiovasculaire est indispensable avant utilisation.

EFFETS INDÉSIRABLES

  • Douleur, sensibilité ou gonflement des seins

  • Maux de tête ou migraines

  • Nausées, vomissements ou gêne abdominale

  • Sautes d'humeur, irritabilité ou dépression

  • Prise de poids ou rétention d'eau

  • Crampes ou spasmes musculaires

  • Douleurs ou raideurs articulaires

  • Modifications cutanées, notamment un assombrissement ou des éruptions cutanées

  • Irrégularités menstruelles, telles que des saignements intermenstruels légers ou anormaux

  • Irritation vaginale, démangeaisons ou pertes vaginales inhabituelles

SURDOSAGE

Un surdosage aigu peut provoquer des nausées, des vomissements, des vertiges et une sensibilité mammaire. Des doses extrêmement élevées peuvent entraîner une rétention d'eau, une hypertension ou des événements thromboemboliques. La prise en charge est généralement symptomatique et comprend l'arrêt du traitement et un traitement symptomatique. Une surveillance des signes vitaux et de la fonction hépatique peut être nécessaire. Il n'existe pas d'antidote spécifique en cas de surdosage d'estradiol.

TOXICITÉ

Une exposition excessive et chronique peut augmenter le risque de troubles thromboemboliques, de tumeurs hépatiques ou de cancers hormono-dépendants. Les effets toxiques peuvent se manifester par une rétention d'eau importante, de l'hypertension ou une gynécomastie chez l'homme. La toxicité est généralement dose-dépendante et dépendante de la durée du traitement. La surveillance des taux hormonaux, de la fonction hépatique et de la santé cardiovasculaire contribue à limiter les risques. Le respect des posologies prescrites minimise le risque de toxicité.