Le phosphate de chloroquine est un antipaludique de synthèse de la famille des 4-aminoquinoléines, synthétisé pour la première fois en 1934 et commercialisé dans les années 1940 comme alternative plus sûre à la quinine. Il agit en détruisant les parasites Plasmodium présents dans les globules rouges et possède également des propriétés anti-inflammatoires, ce qui le rend utile dans le traitement des maladies auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde et le lupus. Sa longue demi-vie permet une utilisation prophylactique hebdomadaire, mais l'émergence de souches de Plasmodium résistantes a limité son efficacité dans certaines régions.
NOMS COMMERCIAUX
Noms commerciaux courants :
Aralen : Marque largement reconnue aux États-Unis et à l'international.
Lariago : Couramment disponible en Inde et dans plusieurs autres pays.
Resochin : Commercialisé en Allemagne et dans d'autres régions du monde.
Autres noms commerciaux :
Amoquin
Arquin
Avloquin
Bitaquine
C-Quin
MÉCANISME D’ACTION
La chloroquine agit en inhibant la croissance des parasites du genre Plasmodium, agents responsables du paludisme. Elle s’accumule dans la vacuole digestive du parasite, augmente son pH et inhibe la polymérisation de l’hème toxique, entraînant la mort du parasite. De plus, la chloroquine possède des propriétés anti-inflammatoires et immunomodulatrices, ce qui la rend utile dans des affections comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde.
PHARMACOCINÉTIQUE :
Absorption
Après administration orale, le phosphate de chloroquine est absorbé efficacement et presque complètement par le tractus gastro-intestinal, avec une biodisponibilité estimée entre 75 % et 90 %.
Distribution
Largement distribuée dans les tissus de l'organisme, notamment le foie, la rate, les poumons, les reins et les tissus contenant de la mélanine (rétine).
Elle traverse le placenta et est excrétée dans le lait maternel.
La chloroquine possède une forte affinité pour les tissus de l'organisme et sa demi-vie terminale est prolongée, généralement de 20 à 60 jours.
Métabolisme
La chloroquine est principalement métabolisée dans le foie par les enzymes du cytochrome P450 (CYP) par N-désalkylation, produisant ses principaux métabolites actifs. Une part importante du médicament est excrétée inchangée dans l'urine. Son élimination est lente et complexe, ce qui entraîne une accumulation significative dans les tissus de l'organisme.
Excrétion
La chloroquine est excrétée très lentement, son élimination se faisant par une combinaison de métabolisme hépatique, d'excrétion rénale et de stockage à long terme dans les tissus de l'organisme.
PHARMACODYNAMIE
La chloroquine inhibe l'hème polymérase, entraînant l'accumulation d'hème toxique au sein des parasites Plasmodium. Son action est prolongée, avec une demi-vie de 20 à 60 jours. Les patients doivent être informés des risques potentiels de rétinopathie en cas d'utilisation prolongée ou à forte dose, d'une possible faiblesse musculaire et du risque de toxicité chez l'enfant.
ADMINISTRATION
Le phosphate de chloroquine est administré par voie orale ou injectable, selon l'affection traitée. La posologie et le schéma d'administration varient considérablement selon les indications et doivent être prescrits par un médecin. La chloroquine est inefficace contre les souches de paludisme résistantes à la chloroquine, répandues dans de nombreuses régions du monde.
DOSAGE ET CONCENTRATION
Pour le traitement du paludisme (adultes) :
Dose initiale typique : 600 mg de base (1 000 mg de sel)
Suivie de doses de 300 mg de base (500 mg de sel) administrées à 6, 24 et 48 heures.
Pour la prophylaxie du paludisme :
300 mg de base (500 mg de sel) une fois par semaine, en commençant 1 à 2 semaines avant le voyage et en poursuivant le traitement pendant 4 semaines après le retour de la zone endémique.
Pour les maladies auto-immunes :
Les doses sont variables (par exemple, 250 mg par jour ou selon la prescription du médecin).
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Lors de la prise de phosphate de chloroquine, il est essentiel de connaître les interactions médicamenteuses susceptibles d’accroître la toxicité, de modifier l’efficacité du traitement ou de provoquer des problèmes cardiaques graves. Les interactions graves peuvent inclure des troubles du rythme cardiaque (allongement de l’intervalle QT), une hypoglycémie (taux de sucre sanguin dangereusement bas) et des modifications des concentrations plasmatiques du médicament.
INTERACTIONS AVEC LES ALIMENTS
Le phosphate de chloroquine interagit avec certains aliments, ce qui peut influencer son absorption, son efficacité et ses effets indésirables. Il est recommandé de le prendre avec des aliments ou du lait afin de minimiser les troubles gastro-intestinaux et d'améliorer son absorption. Cependant, certaines boissons sont à éviter car elles peuvent entraîner des interactions importantes.
CONTRE-INDICATIONS
Les principales contre-indications au phosphate de chloroquine sont les antécédents de lésions rétiniennes ou du champ visuel et l'hypersensibilité aux dérivés de la 4-aminoquinoléine. Bien qu'un médecin puisse choisir de l'utiliser pour traiter une crise de paludisme aiguë, les risques et les bénéfices potentiels doivent être soigneusement évalués.
EFFETS INDÉSIRABLES
Fréquents :
• Nausées, vomissements, diarrhée
• Maux de tête, vertiges
• Démangeaisons ou éruption cutanée
Moins fréquents/graves :
• Toxicité rétinienne (utilisation prolongée)
• Cardiomyopathie ou allongement de l'intervalle QT
• Hypoglycémie sévère
• Effets neuropsychiatriques (p. ex., agitation, hallucinations)
SURDOSAGE
Symptômes : Nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée, vertiges, convulsions, hypotension, arythmies cardiaques et hypokaliémie.
Risque : Un surdosage peut être mortel, en particulier chez l'enfant.
Conduite immédiate : Consulter un médecin en urgence.
Traitement : Soins de soutien comprenant lavage gastrique, administration de charbon activé, perfusion intraveineuse, surveillance cardiaque et correction des déséquilibres électrolytiques.
TOXICITÉ
Le phosphate de chloroquine peut entraîner une toxicité grave, potentiellement mortelle, notamment en cas de surdosage, en raison de sa marge thérapeutique étroite. La toxicité aiguë affecte principalement le système cardiovasculaire, tandis qu'une utilisation prolongée comporte un risque de lésions oculaires irréversibles.