La spironolactone est un diurétique épargneur de potassium et un antagoniste de l'aldostérone, principalement utilisé pour traiter des affections telles que l'insuffisance cardiaque, l'hypertension, les œdèmes et l'hyperaldostéronisme. Synthétisée pour la première fois en 1957, elle a été introduite en clinique au début des années 1960. En tant qu'antiminéralocorticoïde stéroïdien, la spironolactone agit en bloquant les récepteurs de l'aldostérone au niveau des tubules rénaux distaux, favorisant ainsi l'excrétion de sodium et d'eau tout en maintenant la rétention de potassium. Son développement a constitué une avancée majeure dans la prise en charge de la rétention d'eau et des troubles liés à un excès d'aldostérone.
NOMS COMMERCIAUX
Aldactone : Nom commercial des comprimés de spironolactone.
CaroSpir : Nom commercial de la suspension buvable de spironolactone.
La spironolactone est également disponible en association avec d'autres diurétiques sous différentes marques :
Aldactazide : Association de spironolactone et d'hydrochlorothiazide.
Lasilactone : Association de spironolactone et de furosémide.
MÉCANISME D’ACTION
La spironolactone agit en antagonisant l’aldostérone au niveau des récepteurs minéralocorticoïdes des tubules rénaux distaux et des canaux collecteurs. En bloquant l’aldostérone, elle réduit la réabsorption de sodium et d’eau tout en préservant le potassium, ce qui induit un effet diurétique sans provoquer de perte significative de potassium. De plus, la spironolactone possède une activité anti-androgénique, susceptible d’influencer des affections hormonales telles que l’hirsutisme ou l’acné.
PHARMACOCINÉTIQUE
Absorption
La spironolactone est bien absorbée par voie orale, principalement au niveau du tractus gastro-intestinal. Sa vitesse d’absorption et sa biodisponibilité sont significativement influencées par la présence d’aliments.
Distribution
Chez l’adulte, le volume de distribution de la spironolactone est d’environ 0,7 L/kg, ce qui indique une distribution modérée dans les tissus. Ses métabolites actifs, comme la canrénone, contribuent à la prolongation de ses effets pharmacologiques.
Métabolisme
La spironolactone est fortement métabolisée par le foie en plusieurs métabolites actifs, dont la canrénone, la 7α-thiométhylspironolactone et la 7α-thiospironolactone. Ces métabolites contribuent significativement à ses effets diurétiques épargneurs de potassium et antagonistes de l'aldostérone, et leur formation explique la durée d'action prolongée de la spironolactone malgré la demi-vie relativement courte de la molécule mère.
Élimination
La spironolactone et ses métabolites actifs sont principalement éliminés par voie urinaire (environ 47 %) et, dans une moindre mesure, par voie fécale (environ 37 %). Ses métabolites, en particulier la canrénone, sont responsables d'une grande partie de l'activité pharmacologique prolongée du médicament.
PHARMACODYNAMIQUE
La pharmacodynamique de la spironolactone repose sur son rôle d'antagoniste compétitif de l'aldostérone au niveau des récepteurs minéralocorticoïdes des tubules distaux et des canaux collecteurs rénaux. En bloquant l'aldostérone, la spironolactone inhibe la réabsorption du sodium et de l'eau tout en préservant le potassium et les ions hydrogène, ce qui produit un effet diurétique épargneur de potassium. De plus, elle exerce une activité anti-androgénique en antagonisant les récepteurs des androgènes et en inhibant la synthèse des androgènes, ce qui peut avoir un impact sur des affections telles que l'hirsutisme, l'acné et certains troubles hormonaux.
POSOLOGIE ET MODE D'ADMINISTRATION
Adultes :
Pour les œdèmes : Généralement 25 à 200 mg par jour, en une seule prise ou répartie en 1 à 2 prises.
Pour l'hypertension : Habituellement 25 à 100 mg par jour, souvent en une seule prise quotidienne ou répartie en plusieurs prises.
Pour l'hyperaldostéronisme primaire : 100 à 400 mg par jour, la posologie étant adaptée en fonction de la réponse.
Pour l'insuffisance cardiaque : La dose standard est de 12,5 à 25 mg une fois par jour, à adapter en fonction de la réponse clinique et de la kaliémie.
Utilisation pédiatrique :
La posologie est calculée en fonction du poids, souvent de 1 à 3 mg/kg par jour en doses fractionnées, selon l’affection traitée.
Mode d’administration :
Voie orale, avec ou sans nourriture.
Prendre le médicament à la même heure chaque jour afin de maintenir une kaliémie stable.
Surveiller régulièrement la kaliémie, en particulier chez les patients insuffisants rénaux ou prenant d’autres médicaments modifiant la kaliémie.
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
La spironolactone interagit avec de nombreux médicaments, notamment les AINS (comme l’ibuprofène et le naproxène), d’autres antihypertenseurs (comme les IEC et les ARA II), la digoxine, le lithium, les suppléments de potassium et certains myorelaxants. Ces interactions peuvent augmenter le risque d’hyperkaliémie (taux de potassium élevé), diminuer l’efficacité des médicaments ou entraîner d’autres effets indésirables graves. L’association de la spironolactone avec certains médicaments, comme la venlafaxine, peut également augmenter le risque d’hyponatrémie (taux de sodium dangereusement bas).
INTERACTIONS AVEC LES ALIMENTS
L’efficacité et l’innocuité de la spironolactone peuvent être influencées par certains facteurs alimentaires. La consommation d’aliments riches en potassium, tels que les bananes, les oranges, les tomates, les pommes de terre et les épinards, doit être limitée, car la spironolactone favorise déjà la rétention de potassium et un apport excessif peut entraîner une hyperkaliémie. Les substituts de sel, qui contiennent souvent du potassium, sont également à éviter pour la même raison. Par ailleurs, la réglisse peut réduire l’effet diurétique de la spironolactone et potentiellement augmenter la pression artérielle, tandis qu’une consommation excessive d’alcool peut accroître le risque de vertiges ou d’hypotension. Il est généralement conseillé aux patients de maintenir une alimentation équilibrée et de consulter leur médecin avant d’apporter des modifications importantes à leur régime alimentaire pendant la prise de spironolactone.
CONTRE-INDICATIONS
La spironolactone est contre-indiquée chez les patients présentant une hyperkaliémie, une insuffisance rénale sévère ou une anurie, ainsi que chez les patients atteints de la maladie d'Addison. Elle ne doit pas être utilisée chez les personnes présentant une hypersensibilité connue à la spironolactone ou à d'autres diurétiques stéroïdiens. La prudence est également de mise pendant la grossesse et l'allaitement, car le médicament peut affecter le développement fœtal et passer dans le lait maternel. De plus, son utilisation concomitante avec des diurétiques épargneurs de potassium ou des suppléments de potassium est contre-indiquée en raison du risque d'hyperkaliémie (taux de potassium dangereusement élevé).
EFFETS INDÉSIRABLES
• Vertiges, étourdissements et somnolence
• Maux de tête
• Troubles gastro-intestinaux : nausées, vomissements, diarrhée et crampes d’estomac
• Augmentation de la fréquence des mictions
• Modifications des seins : sensibilité, douleur ou augmentation de volume chez l’homme et la femme (gynécomastie chez l’homme)
• Modifications de la libido ou des performances sexuelles
• Fatigue ou sensation de fatigue inhabituelle
• Crampes musculaires (surtout dans les jambes)
• Irrégularités menstruelles, saignements intermenstruels ou absence de règles
SURDOSAGE
Somnolence et confusion
Nausées, vomissements et diarrhée
Vertiges ou étourdissements (dus à une hypotension ou une déshydratation)
Signes d’hyperkaliémie (taux élevé de potassium):
Faiblesse musculaire ou fatigue inhabituelle
Fourmillements ou sensation de picotements dans les mains, les pieds ou les lèvres.
Rythme cardiaque lent ou irrégulier, palpitations ou douleurs thoraciques
Essoufflement
Signes de déshydratation ou d'hyponatrémie :
Soif intense et bouche sèche
Diminution de la fréquence des mictions
Faiblesse ou fatigue importante
Éruption cutanée
TOXICITÉ
La toxicité de la spironolactone est principalement due à des troubles électrolytiques, notamment une hyperkaliémie, et à des déséquilibres hydriques. Bien qu'un surdosage aigu puisse se manifester par des symptômes plus bénins, la toxicité peut engager le pronostic vital, en particulier chez les patients souffrant d'une maladie rénale ou hépatique préexistante ou prenant d'autres médicaments influençant la kaliémie.