Le sévoflurane a été breveté pour la première fois en 1972 par Ross Terrell et Richard Wallen. Son utilisation clinique a débuté au Japon en 1990 par le biais de Maruishi Pharmaceuticals. Le médicament a reçu l'approbation de la FDA en 1996 et a ensuite été commercialisé dans le monde entier par Abbott Laboratories sous les noms commerciaux Ultane® et Sevorane®, des formulations génériques étant disponibles depuis environ 2006. Le sévoflurane est un anesthésique inhalé largement utilisé pour l'anesthésie générale, apprécié pour sa rapidité d'action, son induction en douceur et son réveil rapide. Administré à l'aide d'un vaporisateur spécialisé, il est particulièrement avantageux en pédiatrie et en ambulatoire en raison de son excellente tolérance et de l'irritation minimale des voies respiratoires qu'il provoque, comparativement aux agents anesthésiques plus anciens. Ses principales applications comprennent l'induction et le maintien de l'anesthésie générale lors d'interventions chirurgicales et de procédures.

NOMS COMMERCIAUX

Ultane

Sevorane

Sojourn

Sevura

Sevitrue

MÉCANISME D'ACTION

Le mécanisme d'action exact du sévoflurane n'est pas entièrement élucidé, mais on pense qu'il induit une anesthésie générale en interagissant avec de multiples systèmes de récepteurs du système nerveux central. Il renforce la neurotransmission inhibitrice par son action sur les récepteurs GABA et glycine, tout en inhibant la neurotransmission excitatrice par la modulation des récepteurs nicotiniques de l'acétylcholine, de la sérotonine et du glutamate. De plus, le sévoflurane influence les canaux potassiques voltage-dépendants et à deux pores, ce qui contribue également à ses propriétés anesthésiques.

PHARMACOCINÉTIQUE

Absorption

Grâce à sa faible solubilité sanguine (coefficient de partage sang/gaz d'environ 0,69), le sévoflurane est rapidement absorbé par les poumons et passe dans la circulation sanguine, permettant une induction et un réveil anesthésiques plus rapides qu'avec les agents inhalés plus anciens. La vitesse d'absorption dépend de plusieurs facteurs, notamment la concentration inspirée, les coefficients de partage, la ventilation minute et le débit sanguin pulmonaire.

Distribution

Le sévoflurane a un volume de distribution d'environ 53 litres ; cependant, sa rapidité d'absorption et d'élimination sont des caractéristiques plus pertinentes sur le plan clinique. Ces propriétés sont largement déterminées par son faible coefficient de partage sang/gaz (environ 0,63–0,69), ce qui facilite une induction et un réveil rapides pendant l'anesthésie.

Métabolisme

Le sévoflurane est métabolisé dans le foie par l'enzyme cytochrome P450 2E1. Environ 2 à 5 % de la dose administrée sont décomposés en fluorure inorganique et en hexafluoroisopropanol (HFIP). L'HFIP est rapidement conjugué à l'acide glucuronique et excrété dans l'urine, tandis que le fluorure inorganique est également éliminé par voie urinaire ou peut être fixé par les os. La majeure partie du sévoflurane est éliminée sous forme inchangée par voie pulmonaire, qui constitue sa principale voie d'élimination.

Élimination

L'élimination du sévoflurane se fait principalement par voie pulmonaire, où la majeure partie de l'anesthésique est éliminée sous forme inchangée par expiration. Une faible proportion (environ 2 à 5 %) est métabolisée par le foie en fluorure inorganique et en hexafluoroisopropanol (HFIP).

PHARMACODYNAMIQUE

La pharmacodynamique du sévoflurane implique une dépression dose-dépendante du système nerveux central, du système cardiovasculaire et du système respiratoire, par potentialisation de la neurotransmission inhibitrice et inhibition de la neurotransmission excitatrice. Sa faible solubilité sanguine contribue à une induction et un réveil anesthésiques rapides. De plus, son faible potentiel irritant pour les voies respiratoires le rend particulièrement adapté à l'induction par masque, notamment chez les enfants. Des facteurs tels que l'âge influencent significativement ses effets ; les patients plus âgés nécessitent une concentration alvéolaire minimale (CAM) plus faible pour obtenir une anesthésie.

POSOLOGIE ET ​​MODE D'ADMINISTRATION

Le sévoflurane est administré par inhalation à l'aide d'un vaporisateur spécialisé, généralement via un masque facial, une sonde endotrachéale ou un masque laryngé lors d'une anesthésie générale. Pour l'induction, la concentration inspirée de sévoflurane est généralement de 2 % à 8 %, les patients pédiatriques bénéficiant souvent de sa faible irritation des voies respiratoires lors de l'induction par masque. Chez l'adulte, les concentrations d'induction varient généralement de 3 % à 8 %. Les doses d'entretien varient généralement de 1 % à 3 %, ajustées en fonction de l'âge du patient, de l'intervention et de la profondeur anesthésique requise. La concentration alvéolaire minimale (CAM) de sévoflurane varie avec l'âge, diminuant chez les patients âgés, et des ajustements posologiques peuvent être nécessaires chez les patients présentant une insuffisance cardiovasculaire ou respiratoire. Le sévoflurane est souvent utilisé en association avec d'autres anesthésiques et analgésiques dans le cadre d'une anesthésie balancée. Une surveillance continue des paramètres vitaux, de la saturation en oxygène, du CO₂ de fin d'expiration et de la profondeur de l'anesthésie est essentielle pour garantir la sécurité et l'efficacité de l'administration.

INTERACTIONS AVEC LES ALIMENTS

Aucune interaction alimentaire directe avec le sévoflurane n'est connue. Cependant, les patients subissant une anesthésie générale au sévoflurane doivent respecter scrupuleusement les recommandations de jeûne préopératoire afin de réduire le risque de complications graves pendant l'intervention. La principale précaution à prendre concernant les interactions est d'éviter toute consommation d'alcool, car celle-ci peut affecter la sécurité et l'efficacité de l'anesthésie.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

Le sévoflurane peut interagir avec plusieurs médicaments, notamment les inhibiteurs du CYP450 comme la cimétidine, qui peuvent augmenter ses effets, et les dépresseurs du SNC tels que les opioïdes ou les benzodiazépines, qui peuvent accentuer la sédation et la dépression respiratoire. Il potentialise également les curarisants, entraînant une relaxation musculaire prolongée. Bien que moins fréquentes, les interactions avec les médicaments qui sensibilisent le cœur aux catécholamines nécessitent une prudence accrue en raison du risque d'arythmie. L'alcool doit être évité car il peut aggraver la dépression du SNC et affecter la sécurité de l'anesthésie. Une surveillance attentive est importante lorsque le sévoflurane est utilisé en association avec d'autres médicaments.

CONTRE-INDICATIONS

Le sévoflurane est contre-indiqué chez les patients présentant une hypersensibilité connue ou suspectée au sévoflurane ou à d'autres anesthésiques halogénés. Il est également contre-indiqué chez les personnes susceptibles de développer une hyperthermie maligne, ainsi que chez celles souffrant de certaines affections hépatiques ou cardiaques.

EFFETS INDÉSIRABLES

Effets indésirables fréquents :

Nausées et vomissements.

Agitation, confusion ou délire.

Vertiges, étourdissements ou somnolence.

Variations de la tension artérielle.

Modifications du rythme cardiaque (accélération ou ralentissement).

Maux de tête.

Toux.

Fièvre ou frissons.

Hypothermie.

Effets indésirables graves :

Hyperthermie maligne.

Réaction allergique.

Difficultés respiratoires.

Troubles cardiovasculaires.

Atteinte hépatique.

Convulsions.

Atteinte rénale.

SURDOSAGE

Dépression respiratoire : respiration lente, superficielle ou laborieuse, voire arrêt respiratoire complet (apnée).

Collapsus cardiovasculaire : il peut se manifester par une chute importante de la tension artérielle (hypotension), un ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie) ou un arrêt cardiaque.

Dépression du système nerveux central : confusion, agitation, convulsions et perte de conscience.

Autres symptômes : nausées, vomissements et risque potentiel d’atteinte rénale ou hépatique.

TOXICITÉ

La toxicité du sévoflurane peut entraîner une hépatotoxicité, une néphrotoxicité et une neurotoxicité. Les effets indésirables potentiels incluent une atteinte rénale, une dépression respiratoire, un allongement de l’intervalle QT et une hyperthermie maligne. Chez les enfants, la neurotoxicité est particulièrement préoccupante, de même que le risque de bradycardie sévère et d’arrêt cardiaque chez les enfants atteints du syndrome de Down. Le risque de toxicité rénale est lié à la formation du composé A pendant l’anesthésie, notamment en cas de faible débit de gaz frais, situation que la FDA déconseille pour certaines interventions afin de minimiser ce risque.