La rivastigmine a été mise au point dans les années 1980 par le Dr Marta Weinstock-Rosin et son équipe à l'Université hébraïque de Jérusalem. Il s'agit d'un dérivé semi-synthétique de la physostigmine. Yissum, la société de transfert de technologie de l'université, a ensuite cédé ses droits commerciaux à Novartis, qui a commercialisé le médicament sous le nom d'Exelon pour le traitement des démences associées à la maladie d'Alzheimer et à la maladie de Parkinson. Elle a obtenu sa première autorisation de mise sur le marché par la FDA en 1997. La rivastigmine est un médicament sur ordonnance utilisé pour la prise en charge des démences légères à modérées associées à la maladie d'Alzheimer et à la maladie de Parkinson. Bien qu'elle ne guérisse pas ces affections, elle peut contribuer à réduire ou à ralentir l'aggravation des symptômes cognitifs et fonctionnels.
NOMS DE MARQUE
Exelon : La marque la plus connue, disponible sous forme de gélules, de solution buvable et de patchs transdermiques.
Prometax : Une autre marque de rivastigmine commercialisée.
Nimvastid : Nom commercial sous lequel la rivastigmine est également disponible.
Autres marques : La rivastigmine est également commercialisée sous les noms de Rivamer, Rivastigmine 1 A Pharma, et sous diverses formulations spécifiques à certaines régions.
MÉCANISME D’ACTION
La rivastigmine agit en inhibant les enzymes acétylcholinestérase et butyrylcholinestérase dans le cerveau. Ces enzymes dégradent l’acétylcholine, un neurotransmetteur essentiel à la mémoire et aux fonctions cognitives. En les bloquant, la rivastigmine augmente les niveaux d’acétylcholine et améliore la communication neuronale. Ceci contribue à améliorer les fonctions cognitives chez les patients atteints de démence. Son double mécanisme d’inhibition enzymatique la distingue de certains autres inhibiteurs de la cholinestérase.
PHARMACOCINÉTIQUE
Absorption
La rivastigmine est bien absorbée par voie orale, l’absorption étant améliorée par la prise concomitante d’aliments. Sa biodisponibilité augmente avec la dose. Le patch transdermique assure une absorption plus lente et régulière sur 24 heures. Les concentrations plasmatiques maximales sont atteintes en 1 heure pour les formes orales et en 8 à 16 heures pour les patchs. L'absorption est moins variable avec le patch.
Distribution
La rivastigmine se distribue modérément dans les tissus de l'organisme, y compris le cerveau. Sa faible liaison aux protéines plasmatiques permet à une plus grande quantité de médicament libre d'agir sur les enzymes cibles. Le médicament traverse efficacement la barrière hémato-encéphalique. La distribution est homogène quel que soit l'âge. Les concentrations à l'état d'équilibre dépendent de la fréquence d'administration et de la formulation.
Métabolisme
La rivastigmine est principalement métabolisée par hydrolyse cholinestérase plutôt que par les cytochromes P450 hépatiques. Ceci réduit le risque d'interactions médicamenteuses. Le principal métabolite est inactif et se forme rapidement. L'implication des enzymes hépatiques étant négligeable, le médicament convient aux patients présentant une insuffisance hépatique légère. Les formes transdermiques peuvent induire des profils métaboliques légèrement différents.
Élimination
La rivastigmine et ses métabolites sont principalement éliminés par voie rénale. L'élimination est relativement rapide, ce qui prévient l'accumulation du médicament. Moins de 1 % est excrété sous forme inchangée. Une insuffisance rénale peut influencer la clairance et la posologie. Le patch réduit les concentrations plasmatiques maximales, diminuant ainsi le risque d'effets indésirables.
PHARMACODYNAMIQUE
La rivastigmine renforce la neurotransmission cholinergique en augmentant la disponibilité de l'acétylcholine dans le cerveau. Cette action améliore la mémoire, l'apprentissage et les fonctions cognitives. Sa double inhibition d'enzymes clés lui confère un spectre d'activité plus large que les inhibiteurs d'une seule enzyme. Les effets sont dose-dépendants et une amélioration significative peut prendre plusieurs semaines. La rivastigmine cible principalement les symptômes du système nerveux central.
ADMINISTRATION
La rivastigmine est administrée par voie orale sous forme de gélules ou de solution, ou par patch transdermique. Le patch est privilégié en raison de la moindre incidence d'effets indésirables gastro-intestinaux. Les formes orales doivent être prises au cours des repas pour une meilleure tolérance. Le patch doit être appliqué sur une peau propre et sèche et renouvelé toutes les 24 heures. L'ajustement posologique dépend de la réponse et de la tolérance du patient.
POSOLOGIE ET DOSAGE
La rivastigmine est disponible en gélules et en solution buvable dosées à 1,5 mg, 3 mg, 4,5 mg et 6 mg. Les patchs sont disponibles aux dosages suivants : 4,6 mg/24 h, 9,5 mg/24 h et 13,3 mg/24 h. Le traitement débute généralement à la dose la plus faible et est augmenté progressivement. Cette titration permet de réduire les effets indésirables, notamment les symptômes gastro-intestinaux. La dose maximale tolérée dépend de la réponse individuelle du patient.
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
La rivastigmine présente moins d’interactions car elle n’est pas dépendante des enzymes hépatiques CYP450. La prudence est de mise en cas d’association avec d’autres médicaments cholinergiques ou anticholinergiques. L’association avec des bêta-bloquants peut augmenter le risque de bradycardie. Les myorelaxants utilisés en anesthésie peuvent potentialiser les effets de la rivastigmine. Il est impératif d’évaluer les interactions avant de débuter le traitement.
INTERACTIONS AVEC LES ALIMENTS
La prise de rivastigmine au cours d’un repas améliore son absorption et réduit les nausées. Aucune restriction alimentaire significative n’est requise. Les repas riches en matières grasses peuvent légèrement retarder le pic d’absorption sans affecter l’efficacité globale. L'hydratation peut contribuer à atténuer les troubles gastro-intestinaux. L'efficacité du patch n'est pas affectée par l'alimentation.
CONTRE-INDICATIONS
La rivastigmine est contre-indiquée chez les patients présentant une hypersensibilité connue à la molécule ou à ses dérivés carbamates. Elle ne doit pas être utilisée chez les personnes présentant des réactions cutanées sévères au patch. La prudence est de mise chez les patients souffrant de bradycardie ou de troubles de la conduction. Les patients présentant des ulcères gastro-intestinaux ou ayant subi une intervention chirurgicale récente nécessitent une surveillance étroite. Une insuffisance hépatique sévère peut limiter son utilisation.
EFFETS INDÉSIRABLES
Nausées et vomissements
Perte d'appétit et perte de poids
Vertiges ou évanouissements
Diarrhée ou gêne abdominale
Irritation cutanée liée à l'utilisation du patch
SURDOSAGE
Un surdosage peut entraîner des symptômes cholinergiques graves dus à une accumulation excessive d'acétylcholine. Ces symptômes incluent vomissements, transpiration, tremblements, bradycardie et dyspnée. Une prise en charge médicale immédiate est nécessaire. L'atropine peut être utilisée comme antidote pour contrer les effets cholinergiques. Le traitement symptomatique dépend de la gravité des symptômes.
TOXICITÉ
La toxicité de la rivastigmine est généralement liée à une stimulation cholinergique excessive. À fortes doses, le patch peut provoquer des nausées importantes, une bradycardie, une faiblesse musculaire et des problèmes respiratoires. Une mauvaise utilisation ou des applications répétées peuvent accroître le risque de toxicité. Cette toxicité est réversible grâce à un traitement rapide. Un dosage approprié et une surveillance attentive réduisent considérablement les risques.