Le racécadotril est un médicament antisécrétoire principalement utilisé pour traiter la diarrhée aiguë, notamment chez l'enfant. Développé dans les années 1990, il est une prodrogue du thiorphan, qui agit comme inhibiteur de l'endopeptidase neutre (enképhalinase). En inhibant l'enképhalinase, le racécadotril empêche la dégradation des enképhalines endogènes dans l'intestin, réduisant ainsi la sécrétion intestinale excessive d'eau et d'électrolytes sans affecter la motilité intestinale. Ce mécanisme le distingue des antimotilités classiques comme le lopéramide, ce qui le rend plus sûr en pédiatrie. Le racécadotril a d'abord été introduit en Europe, puis dans plusieurs autres pays, pour la prise en charge des gastro-entérites aiguës. Son efficacité à réduire le volume des selles et la durée de la diarrhée, tout en minimisant le risque de constipation, est reconnue.

NOMS COMMERCIAUX

Le racécadotril est commercialisé sous différents noms commerciaux, notamment Redotil, Enuff, Hidrasec, Tiorfan et Tiorfix. Parmi les autres noms commerciaux du racécadotril, on trouve Zedott, Racigyl, Racedot et Ralop.

MÉCANISME D'ACTION

Le racécadotril agit en inhibant l'enképhalinase, une enzyme intestinale, ce qui empêche la dégradation des enképhalines, des peptides naturels. Il en résulte une augmentation du taux d'enképhalines, qui active les récepteurs delta-opioïdes dans l'intestin et réduit ainsi la sécrétion excessive d'eau et d'électrolytes dans la lumière intestinale. Ce mécanisme permet au racécadotril de diminuer la diarrhée sans altérer la motilité intestinale normale.

PHARMACOCINÉTIQUE

Absorption

Après administration orale, le racécadotril est rapidement et bien absorbé par le tube digestif. Il s'agit d'une prodrogue qui est rapidement hydrolysée en son métabolite actif, le thiorphan, responsable de ses effets thérapeutiques.

Distribution

Le volume de distribution du thiorphan, principal métabolite actif du racécadotril, est d'environ 66,4 L/kg. Cela indique un volume de distribution important, ce qui signifie que le médicament se distribue largement dans les tissus de l'organisme plutôt que de rester principalement dans la circulation sanguine.

Métabolisme

Le racécadotril est une prodrogue qui est rapidement métabolisée dans l'organisme en sa forme active, le thiorphan, principalement dans le foie et la muqueuse intestinale. Le thiorphan est responsable des effets antisécrétoires du médicament en inhibant l'enképhalinase intestinale. Le métabolisme du racécadotril est principalement hépatique, impliquant une hydrolyse, et n'implique pas de manière significative le système du cytochrome P450, ce qui réduit le risque d'interactions médicamenteuses. Les métabolites, dont le thiorphan, sont finalement excrétés dans les urines et les selles, le composé parent n'étant détectable qu'à des concentrations infimes dans la circulation systémique.

Excrétion

Le racécadotril et ses métabolites sont principalement éliminés par voie rénale (urine), ce qui représente environ 81,4 % de l'excrétion. Une quantité bien moindre, environ 8 %, est éliminée dans les selles.

PHARMACODYNAMIQUE

Les effets pharmacodynamiques du racécadotril résultent de sa conversion en thiorphan, son métabolite actif, qui inhibe l'enzyme enképhalinase. Cette inhibition augmente les concentrations d'enképhalines endogènes dans l'intestin, réduisant ainsi la sécrétion excessive d'eau et d'électrolytes et soulageant la diarrhée sans altérer la motilité intestinale ni le temps de transit. L'effet antisécrétoire est dose-dépendant, atteint son maximum environ deux heures après l'administration, et la demi-vie d'élimination du thiorphan est d'environ trois heures.

ADMINISTRATION

Le racécadotril est généralement administré par voie orale sous forme de gélules, de sachets ou de granulés, selon la formulation. Le médicament est généralement pris trois fois par jour, idéalement dès l'apparition de la diarrhée. Il peut être pris avec ou sans nourriture. Chez l'enfant, les sachets ou les granulés peuvent être mélangés à une petite quantité d'eau ou de lait maternel pour faciliter l'administration. La durée du traitement se poursuit généralement jusqu'à la disparition de la diarrhée, habituellement de 3 à 7 jours, mais il convient de suivre les recommandations médicales.

POSOLOGIE ET ​​DOSAGE

Adultes :

100 mg par voie orale, trois fois par jour dès l'apparition de la diarrhée.

Enfants :

  • < 1 an : 10 mg/kg/jour, répartis en 3 prises

  • 1 à 12 ans : 30 mg trois fois par jour

  • 12 ans : 100 mg trois fois par jour

Formulations/Dosages :

  • Gélules : 100 mg

  • Granules ou sachets : 10 mg/kg ou doses pré-mesurées pour les enfants

Remarque :

  • La dose peut être adaptée en fonction de l'âge et du poids chez les enfants.

  • Le traitement est généralement poursuivi jusqu'à la disparition de la diarrhée, habituellement jusqu'à 7 jours.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

Le racécadotril présente un faible risque d'interactions médicamenteuses car il est principalement métabolisé par hydrolyse et non par les enzymes du CYP450. Il est généralement compatible avec d'autres antidiarrhéiques, les opioïdes et la plupart des médicaments, bien que la prudence soit de mise en cas d'association avec des médicaments modifiant l'équilibre électrolytique.

INTERACTIONS AVEC LES ALIMENTS

Le racécadotril n'a pas d'interactions alimentaires significatives et peut être pris avec ou sans nourriture, selon les directives du médecin. La prise avec des aliments peut légèrement retarder le pic d'efficacité de 1 à 1,5 heure, et certaines sources suggèrent de l'administrer avant les principaux repas pour optimiser son absorption.

CONTRE-INDICATIONS

  • Hypersensibilité : Allergie connue au racécadotril ou à l'un des composants de la formulation.

  • Nouveau-nés : En particulier chez les prématurés, en raison de données de sécurité limitées.

  • Déshydratation sévère ou choc : Une réhydratation est nécessaire en premier lieu, car le racécadotril ne compense pas les pertes hydriques.

  • Occlusion du tube digestif : Risque d'aggravation.

  • Diarrhée chronique d'origine inconnue : L'utilisation est contre-indiquée jusqu'à ce que la cause soit identifiée.

EFFETS INDÉSIRABLES

  • Effets indésirables fréquents

  • Maux de tête

  • Éruption cutanée (notamment rougeurs, démangeaisons, urticaire)

  • Nausées/Vomissements

  • Vertiges

  • Angillite (en particulier chez l'enfant)

  • Effets indésirables graves (rares)

  • Œdème de Quincke : Gonflement du visage, des lèvres, de la langue ou de la gorge, pouvant entraîner des difficultés respiratoires.

  • Réactions cutanées sévères : telles qu'un érythème polymorphe ou un érythème noueux. Anaphylaxie : Réaction allergique grave touchant tout l’organisme.

  • Réactions d’hypersensibilité : Association de fièvre, d’éruption cutanée et d’inflammation des organes internes.

SURDOSAGE

Aucun cas de surdosage grave ou mortel avec le racécadotril n’a été rapporté chez l’humain. Les adultes ont toléré des doses jusqu’à 20 fois supérieures à la dose thérapeutique recommandée, par exemple une dose unique de 2 000 mg ou 400 mg trois fois par jour pendant une semaine, sans effets indésirables graves. Les symptômes potentiels d’un surdosage peuvent inclure des maux de tête intenses ou une augmentation des effets indésirables gastro-intestinaux tels que nausées ou vomissements, bien que les réactions graves soient rares.

TOXICITÉ

Le racécadotril présente un faible risque de toxicité aux doses recommandées. Le surdosage est rare et les adultes ont toléré des doses jusqu’à 20 fois supérieures à la dose thérapeutique sans effets indésirables graves. Les principaux problèmes de sécurité concernent les affections préexistantes ou les effets indésirables rares, plutôt qu’une toxicité générale chez les personnes en bonne santé.

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