L'éthinylestradiol est une forme synthétique de l'œstradiol, une hormone naturelle, un type d'œstrogène. Il est largement utilisé en association avec des progestatifs dans les pilules contraceptives orales, les traitements hormonaux substitutifs (THS) et pour le traitement des troubles menstruels, de l'acné et du déficit en œstrogènes. Grâce à sa biodisponibilité orale élevée et à son activité, l'éthinylestradiol est devenu un composant essentiel des thérapies hormonales. L'éthinylestradiol a été introduit dans les années 1960 avec la première génération de contraceptifs oraux combinés (COC). Il a depuis reçu l'approbation réglementaire des autorités sanitaires telles que la FDA américaine, l'EMA (Agence européenne des médicaments) et d'autres agences nationales pour diverses indications liées à la contraception, à l'hormonothérapie et aux affections gynécologiques. Dans la plupart des pays, il est inclus dans de nombreuses combinaisons de médicaments plutôt que comme médicament unique.
MARQUES
Yaz : Yaz est un contraceptif oral combiné contenant de l’éthinylestradiol (20 µg) et de la drospirénone (3 mg). Il est utilisé pour la prévention des grossesses, le traitement de l’acné et le trouble dysphorique prémenstruel.
Microgynon : Microgynon est un contraceptif oral combiné contenant de l’éthinylestradiol (30 µg) et du lévonorgestrel (150 µg). Il est utilisé pour prévenir les grossesses et réguler les cycles menstruels.
MÉCANISME D’ACTION
L’éthinylestradiol est un œstrogène synthétique qui exerce ses effets en se liant aux récepteurs d’œstrogènes de divers tissus cibles, ce qui entraîne une modulation de l’expression génétique et favorise l’activité œstrogénique. Dans les contraceptifs hormonaux, son principal mécanisme d’action implique la suppression de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique, ce qui entraîne une diminution de la sécrétion d’hormone folliculo-stimulante (FSH) et d’hormone lutéinisante (LH). Cette inhibition empêche l'ovulation, c'est-à-dire la libération d'un ovule par l'ovaire. L'éthinylestradiol contribue également à stabiliser la muqueuse endométriale, réduisant ainsi le risque de saignements irréguliers, et augmente l'expression des récepteurs de la progestérone, améliorant ainsi l'efficacité des progestatifs administrés en association. Utilisé en association avec un progestatif, il contribue à modifier la glaire cervicale et la structure de l'endomètre, rendant plus difficile l'accès des spermatozoïdes à l'ovule et l'implantation d'un ovule fécondé, garantissant ainsi une contraception efficace.
PHARMACOCINÉTIQUE
Absorption :
L'éthinylestradiol est rapidement et efficacement absorbé après administration orale, avec une biodisponibilité d'environ 40 à 45 % grâce au métabolisme de premier passage hépatique.
Distribution :
Largement distribué dans les tissus corporels et fortement lié à l'albumine plasmatique (et non à la globuline liant les hormones sexuelles).
Métabolisme :
Subit un métabolisme hépatique important, principalement via le CYP3A4, et est soumis à une recirculation entérohépatique, ce qui prolonge sa présence dans l’organisme. Il est métabolisé en formes hydroxylées et conjuguées inactives (glucuronides et sulfates).
Élimination :
Éliminé principalement par les urines (60 %) et les fèces (40 %) sous forme de métabolites. Sa demi-vie terminale est d’environ 13 à 27 heures.
POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION
L’éthinylestradiol est pris par voie orale une fois par jour, le plus souvent dans le cadre d’un contraceptif oral combiné (COC) avec progestatif. Il est généralement administré selon un schéma posologique de 28 jours comprenant 21 comprimés d’hormone active suivis de 7 comprimés placebo, ou, dans certains cas, 24 comprimés actifs et 4 comprimés placebo pour améliorer le contrôle du cycle. La dose habituelle varie de 20 à 35 microgrammes d’éthinylestradiol par comprimé. Pour une protection contraceptive continue, il est important de commencer la plaquette suivante immédiatement après la fin de la précédente, sans interruption entre les cycles.
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
Inducteurs du CYP3A4 (p. ex., rifampicine, phénytoïne) ↓ efficacité contraceptive.
Inhibiteurs du CYP3A4 (p. ex., kétoconazole, érythromycine) ↑ taux d'œstrogènes et effets secondaires.
Les antibiotiques (p. ex., ampicilline, tétracyclines) peuvent réduire l'efficacité en perturbant la flore intestinale.
Lamotrigine : Les taux peuvent diminuer, réduisant ainsi le contrôle des crises.
Warfarine : Les œstrogènes peuvent réduire son effet anticoagulant.
CONTRE-INDICATIONS
Grossesse : Les contraceptifs hormonaux ne doivent pas être utilisés pendant la grossesse, car ils n'offrent aucun bénéfice et peuvent présenter des risques. Troubles thromboemboliques : Antécédents ou antécédents de thrombose veineuse profonde (TVP), d’embolie pulmonaire (EP), de thrombose veineuse rétinienne ou de thrombose artérielle (par exemple, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde).
Thrombophilie connue : Affections héréditaires ou acquises telles que le facteur V de Leiden, le déficit en antithrombine III, le déficit en protéine C/S.
Maladie hépatique : Dysfonctionnement hépatique sévère, maladie hépatique active ou tumeurs hépatiques (bénignes ou malignes).
Hypertension non contrôlée : Surtout si la pression systolique est supérieure à 160 mmHg ou la pression diastolique est supérieure à 100 mmHg.
Migraine avec aura : Risque accru d’accident vasculaire cérébral chez les utilisatrices souffrant de ce type de migraine.
Hypersensibilité : À l’éthinylestradiol ou à l’un des excipients de la formulation.
EFFETS SECONDAIRES
Nausées
Maux de tête
Tensions mammaires
Saignements intermenstruels ou spotting
Variations de poids
Sauts d'humeur (p. ex., dépression, irritabilité)
Ballonnements
Modifications de la libido
Modifications cutanées
Risque accru de thromboembolie
TOXICITÉ
L'éthinylestradiol présente généralement un faible risque de toxicité aiguë. Un surdosage entraîne généralement des symptômes légers tels que nausées, vomissements, sensibilité mammaire ou saignements intermenstruels, généralement spontanément résolutifs. Cependant, une exposition prolongée ou à forte dose peut entraîner des toxicités graves, notamment un risque accru d'événements thromboemboliques (thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire, accident vasculaire cérébral ou infarctus du myocarde).
Une utilisation prolongée est également associée à un risque accru de tumeurs hépatiques et de cancers œstrogéno-dépendants, comme le cancer du sein ou du col de l'utérus. Son utilisation pendant la grossesse est contre-indiquée, car elle peut potentiellement affecter le développement fœtal, bien que le risque tératogène chez l'humain soit considéré comme faible. En raison de ces risques chroniques, notamment liés au cancer et aux complications vasculaires, l'éthinylestradiol (en association) est classé cancérogène de groupe 1 par le Centre international de recherche sur le cancer.